Petit point de match sur l'aphasie


Par Rachel Dionne, Bianca Martin et Annahita Sarré



L’aphasie est un trouble du langage qui se déclare au courant de la vie d’une personne ; c’est pour cette raison que l’on dit que c’est une pathologie acquise. Elle atteint autant la compréhension que la production langagière d’une personne. Les symptômes possibles de l’aphasie incluent un débit non-fluide, une difficulté à trouver des mots pour nommer des objets, une difficulté à mettre des événements dans l’ordre, des énoncés qui ne respectent pas la grammaire, un faux-langage, des propos décousus et un appauvrissement du répertoire des sons que la personne utilise. 

Les causes probables de l’aphasie

L’aphasie provient d’une lésion cérébrale attribuable à différentes causes. Ainsi, il est possible d’observer des aphasies causées par des accidents vasculaires cérébraux, des traumatismes crâniens, des tumeurs cérébrales et des maladies neurodégénératives (comme la maladie d’Alzheimer – il est alors possible de parler d’une aphasie progressive primaire qui évoluera à la négative à travers le temps).

Chacune de ses causes provoque une atteinte au niveau des neurones. L’accident vasculaire cérébral, par exemple, provoque une diminution de l’apport sanguin dont ont besoin les cellules : qu’il s’agisse d’un saignement ou d’une diminution causée par une caillot sanguin, cette perte d’alimentation en oxygène et en nutriment cause la mort de certains neurones. C’est cette disparition qui entraîne les difficultés de langage qu’expérimentent les aphasiques.

Certaines régions du cerveau sont davantage associées à des symptômes au niveau du langage. De manière générale, l’idée populaire veut que l’hémisphère gauche soit celui qui est relié à la production et la compréhension des langues chez les droitiers et une majorité de gauchers. Plus précisément, il est souvent représenté que la compréhension du langage est associée au lobe temporal (précisément l'aire de Wernicke) et sa production, au lobe frontal (dans une région appelée l'aire de Broca). Toutefois, cette représentation du réseau langagier dans le cerveau est un peu simpliste : certaines aphasies sont liées aux faisceaux qui lient les différentes aires du cerveau. Il est également erroné de dire que l’ensemble du langage se situe dans l’hémisphère gauche comme l’hémisphère droit est également sollicité par certaines tâches du langage. À juste titre, l’intonation qui joue un rôle essentiel dans les langues tonales comme le mandarin mais aussi un rôle dans l’expression des émotions et des interrogations se trouve davantage liée avec l’hémisphère droit.

Le cerveau, ordinateur central du corps humain, n’est toutefois pas compartimenté. Plusieurs zones qui se trouvent à proximité de ces zones langagières sont souvent atteinte : l’aphasie peut par conséquent se retrouver accompagnée d’autres pathologies qui ne sont pas langagière à proprement parler : des difficultés de lecture (dyslexie), une paralysie d’un côté du corps, des difficultés sensorielles associées à un côté du corps, des difficultés d’exécution de mouvements moteurs d’un côté du corps (apraxie), des troubles de la mémoire et un niveau de fatigabilité plus élevée.

L’évolution de l’aphasie 

Chaque patient qui manifeste les symptômes d’une aphasie présente une évolution qui va lui être propre selon la sévérité de la lésion ou selon leur âge, par exemple. Certains patients récupéreront très vite d’une lésion pour avoir une atteinte plus superficielle alors que d’autres vivront avec des séquelles plus lourdes. Il est toutefois possible de distinguer deux phases dans l’évolution d’une aphasie lorsqu’il s’agit d’une aphasie non-progressive : la phase aiguë et celle chronique.

La période aiguë est celle qui suit directement la lésion. Durant la première année, la personne est considérée par son entourage comme malade. Les symptômes sont les plus sévères mais c’est aussi la période où les progrès peuvent être les plus spectaculaires à l’aide de la réhabilitation qui se met en place : le sang qui s’était accumulé dans le cerveau se résorbe et des zones qui n’étaient plus alimentées peuvent le redevenir. Par conséquent, dès que l’état de santé de la personne le permet, une prise en charge par des spécialistes comme un orthophoniste est essentielle pour la réadaptation optimale. Cette dernière touchera autant le langage oral que le langage écrit et sera quotidienne jusqu’au moment où la personne aphasique cessera de progresser de manière considérable.

La phase chronique est celle qui se poursuit tout au long de la vie du patient. D’une personne « normale », elle devient une personne avec un handicap qui modifie sa manière de communiquer avec autrui. Le cerveau, par le biais d’un phénomène appelé plasticité cérébrale, modifie ses configurations synaptiques quelque peu pour contourner les cellules qui ne peuvent plus fonctionner adéquatement mais la personne ne regagnera jamais complètement les capacités qu’elle avait auparavant.


L’aphasie n’est pas une déficience intellectuelle. Néanmoins, il s’agit d’un handicap invisible qui nécessite une petite partie de compréhension dans les interactions avec la personnes aphasique.

Commentaires

  1. Les images sont tirés du site web de McGill et le vidéo est une gratieuseté de Théâtre Aphasique.

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