Et une étude sur la thérapie en petit groupe!

Par Rachel Dionne, Bianca Martin et Annahita Sarré

  Une étude portant sur la thérapie de l'aphasie non-verbale chronique a conclu que la production de la parole serait significativement améliorée lorsque la thérapie intensive est orientée vers l'interaction et la communication sociales (Stahl, Mohr, Dreyer, Lucchese, Pulvermüller, 2016).

Un groupe de chercheurs appuient l’idée que la thérapie en groupe conduite par un thérapeute est plus efficace lorsqu’effectuée avant une récupération individuelle avec son thérapeute. Cela dit, nous supposons que la récupération serait possiblement meilleure si elle impliquait une thérapie de groupe, comme les ateliers d’art dramatique, en tant que thérapie première ou si elle impliquait des petits groupes et non seulement une interaction individuelle avec l’orthophoniste.

D’abord, la recherche suppose que, chez les personnes atteintes d’aphasies chronique issues d’un AVC, la production de la parole serait significativement améliorée lorsque la thérapie intensive est orientée vers l’interaction et la communication socialement ancrée. Cette conclusion est issue d’une étude qui tentait de déterminer si la thérapie intensive individuelle axée sur la dénomination, soit de pratiquer à prononcer certains mots et expressions de manière individuelle, était plus ou moins efficace que la thérapie intensive basée sur la communication et l’interaction sociale. Il semblerait qu’inclure les interactions sociales et communicatives avant et pendant la thérapie de la parole intensive aurait un impact positif sur la récupération et l’amélioration de la production. Les situations de communication avec interaction sociale nécessitent compréhension, formulation de phrase et souhait d’obtenir quelque chose d’autrui. Les régions cérébrales liés à la motricité et au langage travailleraient donc « plus fort » (Egorova, Pulvermüller, & Shtyrov, 2014; Egorova, Shtyrov, & Pulvermüller, 2013; Egorova, Shtyrov, & Pulvermüller, 2016). L’effort cognitif est plus grand, car demander quelque chose et avoir une réponse nécessitent de comprendre et de prononcer des phrases idiomatiques typiques: « Merci», « de rien », « sans problème », « non, désolé », etc.

Il est toutefois à noter qu’il existe des biais. Cette étude est la première à se pencher sur cette question. Il est ainsi impossible de comparer les méthodes, les résultats et les conclusions avec d’autres articles. De plus, la recherche se penche uniquement sur les thérapies intensives et ne se concentre que sur les patients atteints d’aphasie chronique non-fluente. Enfin, bien que les auteurs concluent que l’interaction sociale et la communication aide significativement, ces derniers précisent que la variable primordiale dans la récupération aphasique est l’intensité de la thérapie. Il faut aussi garder en tête que le langage n’est pas restreint à un endroit cérébral et que l’AVC touche plus qu’un point précis dans le cerveau ; parler et comprendre fait partie d’un ensemble de réseaux tous interconnectés dans les deux hémisphères du cerveau. Il est ainsi difficile de postuler une conclusion inébranlable et assurée sur la récupération, car les dommages cérébraux varient et la réponse de chacun aussi.

Une question s’impose tout de même; le théâtre aphasique est un outil efficace pour la récupération en se basant sur la conclusion de la recherche précédente? Étant la seule étude et considérant que celle-ci ne se penche que sur un type d’aphasie précis, il est impossible de conclure et de généraliser ses résultats. Cependant, le support moral des participants et les activités de communication qui prennent place dans un environnement d’interactions sociales favorisent, jusqu’à un certain point, la récupération de la production langagière chez certains individus aphasiques comme nous l’indique les participants interviewés et la directrice du TA. Les participants du théâtre ont bénéficiés d’une amélioration significative à l’aide du théâtre et du suivi professionnel. La thérapie et les groupes de soutien, dont le théâtre fait partie, sembleraient aller de pair pour l’optimisation de la récupération.